Histoire de notre cimetière

JARDIN DU REPOS… CIMETIÈRE SAINT-LAMBERT

Les premières inhumations découvertes à ce jour remontent à 300 000 et à 100 000 ans. La disparition d’un être cher soulève depuis toujours l’inquiétude et l’imaginaire des proches… L’humain est habité par un sentiment du sacré attribué à la vie, à l’âme, à la mort… à la nécessité de préserver les restes de l’être aimé ; il lui manifestera une reconnaissance sous l’égide de sa propre angoisse vis-à-vis les mystères de la finalité de l’être l’humain… des sensibilités universelles !

L’érection canonique de la paroisse Saint-Lambert par Mgr Édouard Charles Fabre, archevêque de Montréal, a lieu le 13 décembre 1894. À partir de ce moment, Monsieur le Curé Félix-Xavier Rabeau doit célébrer les messes dominicales, les mariages, les baptêmes et les funérailles. Dès lors, un site pour un cimetière est offert gracieusement par Noël Mercille ; il est fixé « sur sa ferme en bordure du chemin de front qui suit le fleuve et continuant à la ligne nord-est » ; il s’étend sur un arpent et un quart. À ses débuts, le cimetière dessert également des paroisses de Saint-Hubert, Lemoyne, Mackayville et Greenfield Park.

Cimetière paroisse Saint-Lambert

Depuis 2 000 ans, le Christianisme soutient le fidèle dans sa quête d’absolu par un cérémonial fondé dans la profondeur des rituels symboliques qu’il a cumulés afin d’assurer la quiétude du défunt et des proches. Les Chrétiens ne déposent plus d’artéfacts sur les corps comme autrefois, mais ils tiennent à préserver la mémoire des défunts. Ils leur élèvent des monuments sculptés dans la pierre avec des notices gravées. Ces traditions catholiques confèrent au cimetière Saint-Lambert une ambiance intense… le silence va de soi.

Une croix en bois y est plantée avant même une première sépulture, celle de François-Xavier Croteau en janvier 1895, selon Monsieur Raymond Vandal. La croix est le symbole chrétien le plus répandu depuis l’acceptation de son signe identificateur par Constantin 1er, empereur romain de 306 à 337 ; quand, au Ve siècle, on y greffe la sculpture de Jésus, on parle alors de crucifix. Les Croisés du XIe au XIIIe siècle tirent leur nom de la croix et ils la portent sur eux à travers l’Europe et le Moyen-Orient jusqu’à Jérusalem. De la dévotion à la croix naît au XVIIe siècle, le chemin de croix en quatorze stations ; on en érige un dans le cimetière Saint-Lambert dès 1896 et mais n’existe plus.

Devenu étroit, le cimetière est agrandi sous le mandat (1925 à 1950) de Monsieur le Curé J. Albert Lessard. Ce dernier attache de l’importance à ce jardin du dernier repos des Lambertois. Sous sa gouverne, on l’embellit et lorsque la croix devenue vieille au point où son bois menace de retourner à la terre avec les corps qu’elle accompagne dans leur sommeil, un Calvaire grandiose est érigé.

Le mot calvaire provient du mot latin « calvaria » signifiant crâne et correspondant au mot hébreu Golgotha : la colline en forme de crâne où fût plantée la croix de Jésus à Jérusalem. Notre calvaire associe Jésus à Marie et à Saint Jean. Il est inauguré le 8 septembre 1929 à 3 heures de l’après-midi en présence de nombreux prêtres, dignitaires, citoyens des alentours et de Montréal. À la fin de la cérémonie, la chorale de Saint-Lambert entonne le « Libéra ». La cérémonie est grandiose et La Presse du lendemain rapporte l’événement dans les menus détails.

À l’occasion du décès (1925) de Monsieur le Curé Rabeau, un lot du cimetière et un monument avec inscriptions sont offerts aux curés de la paroisse désirant y être inhumés. En 1997, Audrey Vincent Sénez lègue à la fabrique par donation successorale la somme de 107 000 $ destinée aux besoins du cimetière. Ainsi, entre 1998 et 2002, on élève la clôture en fer forgé et l’entrepôt en brique, des équipements durables et dignes du lieu.

Sous les allées croisées de notre cimetière reposent environ 5 500 citoyens ; les tombes et les urnes sont auréolées de fleurs, protégées par les coupoles des caraganiers pleureurs et louangées par les oiseaux et les vents-vagues du grand Fleuve.                       

Gaétane Dufour, historienne de l’art

Laval Samson, photographe