À l’arrivée de ses premiers pionniers, Saint-Lambert était desservie par la mission de La Prairie (1667-1715) et ensuite par celle de Longueuil (1715-1894). Nos prédécesseurs sont incommodés par des routes souvent impraticables et, d’autre part, leur fierté est lésée de ne pas posséder leur propre institution. Par pétitions répétées, ils réclament la création d’une paroisse. Ils s’organisent et des messes sont célébrées dans la maison Mercille (1887-1890) et au couvent des sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-Marie (1890-1896).
Leur ténacité, le poids démographique (400 habitants) et leurs liens fraternels entretenus avec l’abbé François-Xavier Rabeau (1858-1931) ont raison des réticences ecclésiastiques, et la paroisse Saint-Lambert est créée le 12 décembre 1894. À l’époque, la paroisse englobait tout le territoire des paroisses Saint-Thomas-d’Aquin, St-Francis of Assisi, Saint-Jude, Saint-Josaphat et Saint-Anastase de Greenfield Park.
L’enthousiasme règne, et pour concevoir leur église, les marguillers choisissent Georges-Alphonse Monette qui opte d’utiliser pour elle le style néo-médiéval. La première messe y est célébrée à Noël 1896. On imagine la joie profonde qui anime les Lambertois ce soir-là. Malheureusement, au réveil du 30 mai 1936, une peine incommensurable affecte tous les fidèles… leur église a été emportée par un incendie.
Il fallait recommencer; une équipe de notables et l’abbé Albert Lessard (1874-1952), curé de 1925 à 1950, choisissent l’architecte Gaston Gagnier (1905-1982) qui planifie notre temple dans le style Dom Paul Bellot; cet architecte bénédictin français en séjour à Montréal réalisa le dôme et la nef de l’oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal et l’abbaye de Saint-Benoit-du-Lac en Estrie.
Dans l’église actuelle, une voûte polygonale s’élève au-dessus d’une nef sans colonne. La vue y est donc sans obstruction et donne sur un chœur baigné de lumière naturelle. L’église Saint-Lambert inaugure ainsi un style de transition mondial. Ce sera la voie ouverte au style franchement moderne, dont l’église Saint Francis of Assisi et l’église Saint-Thomas-d’Aquin sont des exemples. Notre église est consacrée par Mgr Bernard Hubert, le 8 mai 1994 lors du centenaire de la paroisse.
La notion de « consacré » peut avoir des significations multiples. Dans le cœur des Lambertois, le lieu est « sacré » par rapport à des événements personnels inoubliables : baptêmes, confirmations, mariages, funérailles, fête de Noël, etc. L’une ou l’autre se prolongeant dans la joie par des événements communautaires et/ou familiaux donnant un sens à la vie intérieure. C’est là surtout que la vie communautaire prend racine ; là où l’on aime bien revenir à ses souvenirs d’un « vivre ensemble » harmonieux.
Gaétane Dufour,